MIKAEL GUEDJ
CHAPITRES
1. Fièvre aiguë
2. Fièvre chronique
3. Méningites infectieuses
4. Endocardite infectieuse
5. Syphilis
6. Infection à VIH et SIDA
7. Fièvre aiguë chez un malade immunodéprimé
8. Déficit immunitaire
9. Exposition accidentelle aux liquides biologiques (AES) - Conduite à tenir
10. Risques infectieux émergents, Maladies hautement transmissibles, Bioterrorisme
11. Pathologies d’inoculation
12. Rage - Tétanos
13. Grippe
14. Oreillons
15. Infections nosocomiales
16. Surveillance et complications des abords veineux
17. Pathologie infectieuse chez les migrants
18. Voyage en pays tropical
19. Paludisme
20. Fièvre typhoïde
21. Toxi-infections alimentaires collectives
22. Parasitoses
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À celle qui est trop gaie
Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.
Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.
Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.
Ces robes folles sont l'emblème
De ton esprit bariolé;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime!
Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein,
Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.
Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,
Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,
Et, vertigineuse douceur!
À travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur!
Les Fleurs du Mal
Charles Baudelaire, symboliste par avant-gardisme,
romantique par tradition et syphilitique par négligence
(il succombera de la maladie en 1867 atteint de paralysie générale),
était avant tout un amateur de très larges noeuds-papillons.
Il mène une existence tourmentée, partagée entre l’attrait du Mal et l’appel du Bien, sombrant dans les vertiges du spleen et aspirant sans cesse à un idéal inaccessible de beauté et de pureté. Il vit avec la mulâtresse Jeanne Duval une passion déchirante et meurt désenchanté, malade, usé.
Ce poème, où Baudelaire suggère généreusement à sa muse (Apollonie Sabatier) de lui “infuser son venin” a été condamné pour outrage aux bonnes mœurs lors du procès des Fleurs du Mal le 20 août 1857. C’était piétiner l’essence même de sa poésie : ”extraire la beauté du mal”