HYPERMETROPIE
HYPERMETROPIE
MIKAEL GUEDJ
DEFINITION
L’hypermétropie est une anomalie de la vision due à une insuffisance de convergence
des rayons lumineux, focalisant l’image d’un objet éloigné en arrière de la rétine.
Ainsi, en comparaison à un oeil emmétrope (dépourvu de défauts optiques)
qui focalise les rayons lumineux dans le plan de la rétine, l’oeil hypermétrope peut être défini comme un oeil pas assez convergent ou pas assez puissant.
En d’autres termes - des termes anatomiques - , l’oeil hypermétrope doit être considéré comme un oeil trop court (sa longueur axiale est trop petite) et/ou dont la cornée est trop plate.
La longueur axiale moyenne de l’oeil humain est de 23 mm.
Un oeil hypermétrope, dont la longueur axiale est souvent inférieure à cette valeur (“petit oeil”), focalise les rayons émis par un objet éloigné en arrière de la rétine.
OEIL HYPERMETROPE
IMAGE FOCALISEE EN ARRIERE DU PLAN DE LA RETINE
Pour compenser cette faiblesse de convergence et refocaliser l’image sur la rétine, l’oeil hypermétrope doit accommoder en permanence.
Ses yeux derrière ses lunettes aux verres grossissants
me paraissaient énormes, étrangement profonds, doubles
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, Clochette, 1886
Les verres d’hypermétropes sont en effet des verres grossissants (ou loupes), de forme biconvexe (plus bombés au centre qu’en périphérie) responsables d’une augmentation de la taille de l’image et de celle, apparente, des yeux du porteur - comme ceux de Gary Oldman dans La Taupe - .
Il existe 4 moyens de correction de l’hypermétropie :
1. Les verres de lunettes, convergents, de forme biconvexe et dont l’épaisseur centrale est proportionnelle à l’importance de l’hypermétropie à corriger, rendant souvent inesthétique les lunettes des forts hypermétropes.
2. Les lentilles de contact, convergentes, représentent une solution au côté inesthétique des lunettes au prix d’une contrainte pratique modérée et de règles d’hygiène strictes. Leur utilisation est cependant limitée par les problèmes de tolérance (sécheresse, kératites = altérations de l’épithélium cornéen) et les complications infectieuses (abcès de cornée, parfois redoutables).
3. La chirurgie réfractive (Lasik) dont le principe est de remodeler la forme de la cornée afin de modifier son pouvoir optique (l’augmenter pour la correction de l’hypermétropie) : le laser Excimer utilisé permet dans ce cas de bomber la zone centrale de la cornée pour ramener plan de focalisation des rayons lumineux au niveau du plan rétinien (voir le chapitre chirurgie réfractive)
4. La chirurgie de la cataracte, enfin, peut permettre de corriger l’hypermétropie, chez le sujet plus âgé présentant des signes d’opacification du cristallin. (voir le chapitre chirurgie de la cataracte). C’est la technique de choix chez le fort hypermétrope presbyte, très gêné en vision de près et de loin et dont l’amétropie est trop importante pour un Lasik, dès que son cristallin devient assez opalescent pour justifier l’opération. Le patient fort hypermétrope est le plus souvent ravi après sa chirurgie de cataracte, car l’amélioration de sa vision de loin s’accompagne d’une amélioration franche de sa vision de près sans correction, avec un ressenti quasi-immédiat - dès le lendemain de l’intervention -.
NB : La chirurgie du cristallin clair (exérèse d’un cristallin non cataracté et pose d’implant corrigeant l’hypermétropie) est de moins en moins pratiquée aujourd’hui car ses risques (complications opératoires, risque infectieux) sont supérieurs à ses bénéfices. Il est légitime d’attendre un début de cataracte avant d’opérer.
© MGUEDJ.COM
L’oeil hypermétrope voit donc net de loin et de près au prix d’un effort d’accommodation permanent (mise en jeu des muscles ciliaires et du cristallin).
Mais la capacité à accomplir et à tolérer cet effort varie beaucoup selon le degré d’hypermétropie et selon l’âge du sujet :
-chez l’enfant et l’adolescent hypermétrope, l’effort est souvent bien toléré : doué d’un fort pouvoir accommodatif, l’enfant peut “facilement” masquer une hypermétropie modérée par la mise en jeu permanente de ses muscles ciliaires.
Si elle est trop forte, l’hypermétropie pourra se manifester précocement par un strabisme convergent ou des maux de tête chroniques.
-chez l’adulte hypermétrope avant 40 ans, l’accommodation est plus difficile et souvent responsable de symptômes en vision de près prolongée (activité pour laquelle l’accommodation est la plus marquée) : maux de tête quotidiens, vision brouillée ou dédoublée, “fatigue visuelle”, etc. sont autant de signes devant faire rechercher une hypermétropie non ou insuffisamment corrigée.
-chez l’adulte hypermétrope après 40 ans, la perte progressive du pouvoir accommodatif du cristallin (ou presbytie) fait des ravages, en démasquant la faiblesse de convergence de l’oeil ! L’hypermétrope presbyte est donc gêné d’abord en vision de près (et à un âge plus précoce que l’emmétrope), puis en vision de loin lorsque le déficit de puissance accommodative évolue avec l’âge.
Plus l’hypermétropie est forte, plus ces troubles visuels commencent tôt dans la vie.
Sans accommodation, l’image d’un objet éloigné se forme en arrière de la rétine d’un oeil hypermétrope non corrigé.
DEGRÉ D’HYPERMETROPIE
L’oeil hypermétrope voit net de loin et de près au prix d’un effort accommodatif permanent permettant de compenser la faiblesse de convergence l’oeil en refocalisant les rayons lumineux dans le plan de la rétine.
Plus l’oeil sera hypermétrope, plus l’image sera focalisée en arrière de la rétine, et plus l’effort accommodatif à fournir sera important.
L’importance de l’hypermétropie est définie par l’éloignement du plan de focalisation des rayons lumineux de celui de la rétine.
rétine
cornée
∞
OEIL HYPERMETROPE
RAYONS FOCALISES
EN ARRIERE DE LA RETINE
VISION NETTE
Ce degré d’hypermétropie correspond donc à la puissance du verre correcteur nécessaire pour refocaliser les rayons dans le plan rétinien : l’oeil hypermétrope étant trop peu convergent (ou trop peu puissant), ce sont logiquement des verres convergents, de puissance sphérique positive, qui permettent de corriger et de quantifier une hypermétropie.
rétine
OEIL HYPERMETROPE
FOCALISATION RAMENÉE SUR LE PLAN RÉTINIEN GRÂCE AU VERRE CONVERGENT
VERRE CORRECTEUR CONVERGENT
(ex : + 2 D)
L’HYPERMETROPIE ET SES MOYENS DE CORRECTION
C’est au prix d’un effort d’accommodation (bombement du cristallin), ordinairement mis en jeu pour la seule vision de près, que l’oeil hypermétrope pourra refocaliser l’image sur la rétine
+ 2 D
+ 4 D
+ 6 D
HYPERMETROPIE DE
DEMASQUER UNE HYPERMETROPIE
Devant tout mal de tête chronique inexpliqué, en particulier chez l’enfant, une hypermétropie latente doit être recherchée par une réfraction dite “sous cycloplégique”, dont le principe est expliqué simplement sur les schémas ci-dessous :
L’instillation dans les yeux de quelques gouttes de collyre cycloplégique (Skiacol ou Atropine) permet de paralyser l’accommodation en mettant le muscle ciliaire au repos, et de dilater la pupille.
L’oeil n’est donc temporairement plus capable d’accommoder,
et les rayons lumineux issus d’une source lointaine restent focalisés en arrière de la rétine.
L’hypermétropie est dite “démasquée” par la paralysie de l’accommodation.
Une fois l’accommodation paralysée, la mesure de la réfraction à l’auto-réfractomètre va permettre de corriger l’hypermétropie par le verre convergent de puissance adaptée, c’est-à-dire celle qui sera suffisante pour refocaliser les rayons lumineux dans le plan de la rétine - sans effort d’accommodation -.
Principe du Lasik hypermétropique, creusant la cornée en moyenne périphérie pour obtenir un bombement central et augmenter la puissance optique de l’oeil.